Représenter les transidentités autrement
Malgré son titre, le film ne parle ni d'Ève ni d'Adam mais de Charlotte Beaumont, une boxeuse qui, sur le point de se marier, quitte ses proches pour débuter sa transition.
Imaginez, nous sommes quelques mois après le retour aux Etats-Unis de Christine Jorgensen, devenue célèbre après ses opérations d'affirmation de genre. Un film sort sur les écrans français, sorte de comédie de science-fiction où en quelques mois, une personne trans complète sa transition médicale et retourne auprès de ses proches, puis finit par se marier, épanouie.
De bout en bout, Charlotte est interprétée par Micheline Carvel. Il est ici difficile de reprocher au film d'avoir engagé une actrice cis pour jouer le rôle d'une femme trans, puisque Coccinelle ou Marie France ne jouaient pas encore au cinéma.
Côté cis gaze, Adam est ... Ève s'en sort bien pour un film de presque 70 ans. On parle d'hormones et d'opérations d'affirmation de genre sans les montrer, même si quelques photos avant-après sont présentées. Charlotte fait face au parcours de combattante qu'ont vécues les personnes trans de façon réaliste avant et après elle : psychanalystes charlatans et psychiatres étudient son cas sans l'aider. Un médecin finalement la prend en charge dans sa clinique et la respecte, même s'il l'utilise comme quelque peu comme une cobaye. Elle ne peut, en revanche, changer ses papiers. Cela n'empêche pas Charlotte de conserver son autonomie.
Adam est ... Ève ne présente jamais son héroïne comme ridicule, même dans la scène où Charlotte tricote avec une travailleuse du sexe. Ce sont ses proches que le film ridiculise : ses parents conservateurs, ses proches qui la deadname ce qui étonne les passants qui voient en Charlotte une femme, les médecins inutiles ...
Pourtant les réactions de ses connaissances varient beaucoup : sa fiancée, pour sa part, la traite dès son retour comme une amie, sans que le lesbianisme ne soit évoqué. Les deux femmes sont en effet hétéros.
Durant son parcours, Charlotte est soutenue par son meilleur ami qui, même s'il est d'abord étonné, ne s'émeut pas de sa transition puisqu'il l'accompagne jusqu'à la fin du film. Il va par exemple lui acheter de la lingerie. En revanche, on ne montre jamais Charlotte s'habiller.
En référence à Christine Jorgensen, Charlotte devient par la suite une petite célébrité dans sa ville, est outée à tout le monde, ce qui la pousse à partir.
Charlotte, quoique élevée dans le milieu conservateur de la campagne française des années 40-50, est très féministe pour son temps. Elle refuse d'épouser qui on lui présente, s'émancipe, s'impose aux hommes de sa famille, veut travailler, même si ses seules possibilités d'emploi tournent autour du milieu du spectacle.
A la fin, l'amour triomphe. Un jeune homme trans la remarque et la demande en mariage. Charlotte accepte, c'est le T4T avant même que le terme existe, fin.
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