Lola Pater

L'analyse des critères

Beaucoup d'acteur·ice·s français·es sont passé·e·s par la case "interprétation d'une femme trans", mais que Fanny Ardant en fasse partie est inattendu.

Elle joue Lola, une femme trans musulmane de descendance algérienne qui vit avec sa compagne dans une petite ville en France. Lorsque son fils d'un précédent mariage, Zino, lui annonce la mort de sa mère (donc de son ex-femme) sans la reconnaître suite à sa transition, Lola part à Paris renouer avec son fils et régler la succession.

Jasmine Mokrim dans son mémoire "Femmes trans à l'écran" qualifie Lola Pater de "récit type" du film trans. La transition de Lola est, comme ailleurs, "quasi-automatiquement le déclencheur du drame".

En effet, si le personnage de Lola a un destin plus heureux que dans beaucoup de films sur les femmes trans, et qu'elle rit régulièrement d'elle-même et de sa situation, reste que les quelques jours de sa vie que suit le film sont particulièrement durs. Tout le monde la mégenre et la deadname, elle est en deuil et son fils, qu'elle n'a pas vu depuis 25 ans, la rejette et l'insulte.

Lola finit par faire une tentative de suicide. Elle survit et se réconcilie avec son fils dans l'épilogue. La tentative de suicide ou, du moins la volonté de mourir, est une récurrente chez les personnages trans.

Néanmoins, Lola Pater (encore un titre qui mégenre son personnage trans) a le mérite de montrer un personnage peu représenté à l'écran avec son héroïne trans, lesbienne et musulmane, bien que jouée par Fanny Ardant.

Le film amène également une perspective importante sur la nécessité qu'ont certaines personnes trans de quitter conjoint·e et enfants pour transitionner et survivre.

Un film qui pourra toucher le public malgré le traitement superficiel de certains thèmes et le cis gaze prononcé sur le côté "tragi-comédie".