Guide « Le prénom et les pronoms »

Après une première fiche pratique sur « Comment écrire sur les personnes trans ?« , voici une fiche sur le prénom et les pronoms.

Les pronoms, qu’est-ce que c’est ?

Les pronoms, c’est ce qu’on utilises pour désigner des personnes. On les utilise au quotidien sans y réfléchir parce qu’on les appris jeune, très jeune. On nous apprend notamment que « il », c’est masculin, et donc pour les hommes, et « elle » est féminin, donc pour les femmes.

En vrai, il n’y a pas de règles gravées dans le marbre, qu’importe ce que peux dire l’Académie Françaises. Cette dernière rend compte de la langue et ses évolutions, elle n’impose pas de règle à suivre. Sans vouloir faire un cours d’histoire, parce que ce n’est pas mon expertise, il fut un temps où le français avait un pronom neutre, aujourd’hui oublié (par l’Académie Française entre autres).

Aujourd’hui, des personnes utilisent à nouveau des pronoms neutres : ul, ol, el, et le plus couramment utilisé : iel. Ces pronoms peuvent être utilisé pour désigné une personne dont vous ne connaissez pas le genre, ou pour des personnes de genre non-binaire et qui vous disent utiliser ces pronoms.

Et les accords dans tout ça ?

Avec la règle appris tout jeune « Le masculin l’emporte sur le féminin », tout groupe comportant un seul homme, qu’importe le nombre de femmes, sera accordé au masculin. Ça n’est pas très équitable ni inclusif. Aujourd’hui, l’écriture inclusive permet d’y remédier. C’est une forme d’écriture « neutre », mais qui permet également de ne pas genrer intempestivement des personnes qui ne souhaitent pas l’être ou dont vous ne connaissez pas le genre.

Couramment, on accorde les mots au féminin quand on utilise « elle », et au masculin avec « il ». Mais comme vu précédemment, il n’y a pas de règles, ni de marbre, la langue évolue avec ses locuteur·ice·s.

Il est donc possible d’utiliser :

  • iel et le masculin
  • il et le féminin
  • elle et le neutre (é·e, éE,…)
  • bref, on a compris 🙂

Se pose donc la question suivante :

Comment savoir quels pronoms utiliser ?

Tu viens de rencontrer quelqu’un et tu ne sais pas comment il, elle ou iel se genre. Rien de plus simple : laisse lui le temps de te donner quelques indices. Si c’est une rencontre en ligne, sa bio twitter, tinder, etc. pourra te donner une réponse, sinon de précédentes publications pourront t’informer avec un accord (é, é·e, ée, etc.). Si jamais tu n’arrives pas à trouver la réponse, et encore plus si c’est à l’oral : tu peux les lui demander de façon simple : « Quels sont tes pronoms ? ».

Pour anticiper cela, tu peux te présenter avec tes propres pronoms : « Bonjour, je m’appelle Alex, et pour moi, c’est il/lui. ». Si tu ne te sens pas à l’aise de le faire, parce que vous êtes en groupe, dans l’espace public, dans un milieu professionnel, la personne en face de toi ne sera peut-être pas plus à l’aise que toi pour répondre à une telle question.

Une question sur les pronoms peut aussi être une source d’anxiété et de stress pour une personne en questionnement ou qui n’est pas encore out. Reste donc à l’écoute de comment la personne se genre et en attendant, genre la de façon neutre. À l’oral, l’accord en « é·e » ne s’entend pas par exemple, pareil pour les adjectifs comme joli·e, incroyable, poli·e, etc.

Parfois, on se trompe, que faire ?

Si la personne te corriges : excuses-toi simplement. Un simple « Je suis désolé. » sera bien plus apprécié que des excuses longues et détaillées. Et surtout, ne donne pas de justification à ton erreur. Oui, tu as appris à reconnaître des expressions de genre (robe, maquillage, barbe, etc.) et à genrer les personnes en fonction, et nous l’avons tou·te·s été, il n’est donc pas nécessaire d’utiliser le physique ou les vêtements de la personne pour justifier une simple erreur.

Si tu apprends plus tard que tu as mal genré quelqu’un en face d’elle mais qu’elle ne t’as pas corrigé : tu prends note pour une prochaine fois. Tu peux brièvement présenter tes excuses une prochaine fois, mais ce n’est pas obligatoire. Comme pour le premier scénario : ne fait pas des excuses à rallonge et détaillées. Et surtout : ne te précipite pas vers la personne pour lui expliquer ton erreur.

Comment écrire sur les personnes trans ?

Utilisez les bons termes

Les mots sont importants, utilisez les bons. Certains termes ont une histoire, certains termes sont péjoratifs et ont une histoire lourde au sein de la communauté. Écoutez les critiques et corrigez-vous si cela est nécessaire.

Quels termes utiliser alors ?

« Trans » et « transgenre » sont des adjectifs.

On dit donc :

  • une personne trans / trangenre
  • une femme trans / transgenre
  • un homme trans / transgenre
  • des personnes trans / transgenres

On ne dis pas :

  • un/le trans
  • une/la trans
  • des trans

Transsexuel, transexuel, transsexuelle, sont également des adjectifs mais à proscrire le plus possible, comme l’explique le kit de l’AJL à destination des rédaction : « On préférera dire “une personne transgenre”, “une personne trans” plutôt que “un.e trans” ou “un.e transgenre”. Le terme “transsexuel.le” est, sauf utilisation par une personne concernée, à bannir du discours journalistique. Il est rejeté par beaucoup de personnes trans pour sa connotation médicale, et à ce titre pathologisante. » (Respecter les personnes trans, AJL)

Pour continuer, vous pouvez vous rendre dans notre lexique ou sinon consulter celui de wikitrans.co, ou encore leur article 10 idées reçues sur la transidentité – Wiki Trans.

Pourquoi parler du prénom de naissance ?

Je dirais même plutôt : et si on arrêtait d’en parler ? Le vrai prénom des personnes trans est celui qu’elles utilisent au quotidien, qu’il soit celui inscrit sur leurs papiers d’identités ou non. Il n’est que très rarement utile de rappeler le prénom de naissance (aussi appelé morinom ou deadname) des personnes trans, et il faut toujours le faire avec l’accord de la personne.

Pour votre personnage (ou vos personnages mêmes !) et votre histoire, est-ce crucial de partager ce prénom de naissance ? Est-ce indispensable que le spectateur ou lecteur le connaisse ?

À noter : il est possible de mentionner le prénom de naissance des personnes trans célèbres qui étaient connues avant leur transition comme Caitlyn Jenner, Océan, Sandra Forgues, etc. Mais il est important de ne pas l’utiliser pour parler de la personnalité, seulement pour rappeler sous quel prénom le public a pu le ou la connaître. Si la transition date déjà de plusieurs années et que la personne est connue depuis un moment sous son nouveau prénom, il n’est pas nécessaire de le préciser : comme pour Caitlyn Jenner, Océan, etc.

Quelle est l’utilité des avant/après ?

Ma réponse sera courte : il n’y a pas d’utilité à montrer des avant/après.

Pour la version longue : comme vu précédemment, cela renforce une obsession pour nos « transformations ». Cela transmet l’idée que ces changements sont soudains et impressionnants. Or, nos transitions prennent plusieurs années dans la plupart des cas, certaines personnes ne suivent pas de transition médicale d’ailleurs.

À moins de parler des changements spécifiques des transition médicales, il n’est donc pas nécessaire d’illustrer un sujet sur une personne trans avec un avant/après, ou de montrer une femme trans retirant son maquillage ou le mettant, ou un homme trans en train de se raser ou de s’injecter de la testostérone. Ces moments font bien partie de nos vies, et peuvent tout à fait être à l’écran. Ce qui est important de travailler, c’est le focus qui est fait. Est-ce le but de la scène ou un élément de vie anodin qui fait partie de la scène ?

A noter : beaucoup de personnes trans font le choix de publier des avant/après sur leurs réseaux sociaux, et c’en est leur droit. Mais lorsque la transition d’une personne n’est pas au centre du sujet, l’illustrer avec de telles images renforcent l’obsession du changement « incroyable ».

Stop aux histoires de coming-out et de transition

Les histoires de coming-out et de transition sont importantes, mais elles ne devraient pas être les seules racontées. Elles sont d’autant plus importantes lorsqu’elles sont bien traitées : si vous n’êtes pas sûr de réussir à le faire, vous pouvez tout de même inclure des personnages trans dans vos récits en les traitant comme n’importe quel autre personnage, avec respect et bienveillance et en vous renseignant sur les tropes à éviter.

Les histoires sur les coming-out et les transitions nourrissent une obsession pour nos corps, nos « transformations ». Alors que les histoires de vies banales, ou des autres combats qui doivent être menées, sont très importantes à raconter elles-aussi.

Faites appel à un·e consultant·e concerné·e

(Et rémunérez-la·e.)

Les personnes expertes sur ces sujets sont les personnes concernées, et non pas les psychologues, psychiatres, chirurgiens et endocrinologues. Si ces derniers peuvent apporter un éclairage sur la violence de la transphobie et ses conséquences sur nos vies, ou une explication des taux hormonaux ou du principe de transition médicales, les personnes transgenres sont les premières personnes concernées par ce sujet et devrait toujours être impliquées.

Point important : toutes les personnes trans ne sont pas expertes sur tous les sujets liés à la transidentité, et moins encore sur le sujet de la représentation. L’avis d’un·e ami·e transgenre ne suffit pas.

Vous pouvez consulter notre annuaire ou notre page dédiée.